Victimes, et après ?
Arthur Dénouveaux (2005) et Antoine Garapon
Editeur : Gallimard, collection Tracts n° 10, novembre 2019Arthur Dénouveaux, X 2005, rescapé de l’attentat du Bataclan, et Antoine Garapon, magistrat et secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice, viennent de faire paraître un essai sur la victime. Les deux auteurs s’interrogent sur le rôle que l’on attribue aux victimes, leur relation avec la société et les difficultés qu’elles doivent surmonter pour réintégrer leur vie. Les victimes, estiment-ils, sont dépositaires des maux de la société et, en tant que telles, immolées.
Mais, si dans le passé la figure centrale était la victime, aujourd’hui ce rôle est attribué au criminel et les survivants doivent se retrouver au-delà de leur souffrance sur laquelle on se focalise. Les victimes se sentent incomprises. Elles ne représentent plus qu’une source de légitimité pour le pouvoir politique dans la mesure où l’acte terroriste cherche à détruire la sécurité dont il est garant. Et interviennent dans le scénario une foule d’autres acteurs (policiers, juges, avocats, psychologues, journalistes), qui détruisent l’intimité de la victime. Or, les victimes ont besoin de s’approprier l’expérience qu’ils ont vécue.
Venger le mal par le bonheur
Puis vient le procès : des paroles, alors que les victimes sont à la recherche de « la vérité » ! La recherche d’une équivalence illusoire entre préjudice et réparation financière ne fait que compliquer le problème et enferme la victime, tandis qu’elle fait surgir des faussaires divers… Le survivant a droit à l’oubli et à l’anonymat. Son besoin de cesser d’être victime passe obligatoirement par le rapprochement avec d’autres victimes qui sont en train de faire le même chemin, un chemin qu’il est difficile de faire seul ! Il faut survivre. C’est en « vengeant le mal par le bonheur » qu’elles peuvent sortir de l’enfermement qu’elles vivent. Pour citer les auteurs : « La société réprime, la victime sublime ! » Il y existe donc un espoir après l’horreur…